Au rayon des univers parallèles, les marchés aux puces font figure de limbes en termes de fenêtres sur l’absurde de la condition humaine, marchande et ramasseuse. Jonathan Roberge, dans son impayable série Fiston, en parle d’ailleurs en termes magistraux.
Par conséquent, le marché aux puces Ontario, dont la burlesque vitrine nous apprend qu’il fermera sous peu, représente en quelque sorte un vortex brocanteur en voie de disparition vers une infinité de cossins qui servent à rien, mais dont ça réchauffe le coeur que l’humanité ait trouvé le temps de les produire quand même.
Les mauvaises langues diront que c’est un ramassis de scrap, mais elles ne connaissent rien au raffinement subtil des rapprochements ontologiques d’objets épars, dont Marcel Duchamp a montré tout l’intérêt il y a près d’un siècle. Culturez-vous, criss.
Outre la tristesse infinie de voir partir du quartier une source presque intarissable d’appareils polaroid non fonctionnels, mais qui font fondre la gente hipster en de voluptueuses exclamations jalouses (c’est vraiment kickass dans les partys), on profitera également de l’occasion pour dénoncer, sur un air militant fâché, la gentrification perverse qui oblige encore une fois les mal peigné.es à céder leur bail pour faire place à des locataires plus respectables et friqué.es. Toujours la même chanson, on attend encore que le maire Coderre twitte sur le sujet, nos demandes répétées sont à ce jour restées sans réponse.
Facque. Au lieu de hocher la tête en gauchistes blasés devant vos écrans iMachin, prenez donc le temps d’aller faire un tour avant que la place ne ferme, ça vaut pas nécessairement la peine, mais au pire vous pourrez vous faire faire un tattoo sur le chemin du retour pour vous consoler. Y’a aussi des graffitis vraiment pas pires sur le mur du côté, faut juste faire attention à la vitre par terre dans la ruelle avec les gougounes qui ressortent à cause du temps chaud pis toute.